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L'espoir (mis en ligne le 12/07/2020)

Les émotions (mis en ligne le 12/07/2020)

La psychologie positive : un objet de recherche faisant sens dans la quotidienneté (mis en ligne le 13/07/2020)

La pratique méditative : pleine présence (mis en ligne le 16/12/2020)

Outils de développement personnel (mis en ligne le 04/01/2021)

La charge affective (mis en ligne le 15/01/2021)

L'hypnose Ericksionenne (mis en en ligne le 21/03/2022)

Le changement (mis en ligne le 28/05/2022)

Les troubles émotionnels (mis en ligne le 04/05/2023)


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L'espoir.

(mis en ligne le 12/07/2020)

Longtemps perçu comme un idéal un peu vain, l'espoir change de réputation avec la psychologie positive. Peu évoqué au niveau du champ d'expérimentation traditionnel de la psychologie durant très longtemps, l'espoir qui fait aujourd'hui l'objet de recherches apparaît comme un optimisme lié à l'action.

Comment définir l'espoir ?

Charles Martin-Krumm, chercheur à l'École Supérieure du Professorat et de l'Education de Rennes, explique que la notion d'intervention est désormais prédominante. « Ainsi, un pessimiste est surtout quelqu'un qui ne sait pas comment intervenir sur la réalité, quand celui qui espère se fonde sur la diversité des actions qu'il pense possibles.»

Selon Ryck Synder (1995), l'espoir peut se définir comme un ensemble cognitif qui provient réciproquement de la volonté de l'individu à réussir à atteindre ses buts et à être efficace dans la mise en œuvre des moyens requis pour les atteindre. Ryck Synder présente donc une approche de l'espoir qui est cognitive plutôt qu'émotionnelle et postule que les émotions positives résultent de la conclusion que nous réussissons à poursuivre des buts. Il fait reposer sa théorie de l'espoir sur les trois facteurs suivants : la capacité à conceptualiser des objectifs (des buts), la capacité à trouver des moyens (des voies) et les ressources (motivations et compétences) pour les atteindre.

Pour autant, la mise en œuvre des moyens requis ne permet pas forcément d'atteindre ses objectifs de façon linéaire. Il est souvent nécessaire de rebondir sur un certain nombre d'échecs afin d'obtenir le résultat attendu ou le plus proche possible de ce qui était espéré initialement.

L'espoir, synonyme d'une démarche intellectualisée

L'espoir peut finalement apparaître non pas seulement comme un but à atteindre, mais aussi comme une démarche intellectualisée qui obligerait un individu à ajuster (ou à réajuster) régulièrement à la fois son dessein tout comme les moyens à mettre en œuvre pour y parvenir. A ce titre, l'espoir peut être qualifié de parcours personnel, de cheminement nécessitant un ajustement psychologique permanent. Dans cette théorie, il faut envisager l'espoir comme une pensée de poursuite d'objectifs, qui donne des émotions. (Ilona Boniwell, Martin Seligman.) Nous sommes là sur une dimension évolutive et dynamique tout à la fois, qui réclame une posture active de la part de la personne qui s'autorise à espérer.

Cette posture de « chercheur » qui consiste à expérimenter pour mieux se réaliser favorise l'accomplissement personnel à travers la résolution de problème. L'espoir peut donc se définir également comme un outil, qui au-delà des objectifs et des moyens mis en œuvre, offre la possibilité à l'être humain de satisfaire ses besoins supérieurs et de donner du sens à son quotidien. Il est également à noter que l'espoir, quand il est vécu de façon positive et qu'il permet à chacun de prendre de la hauteur, a des effets bénéfiques aussi bien sur le plan psychique que physique. Dès lors, nous pouvons affirmer que l'espoir peut également jouer un rôle de régulateur à travers le bien-être qu'il favorise et avoir des vertus en termes de santé.

Les obstacles

Toutefois, la mise en place des conditions favorisant la réalisation d'un objectif peut se heurter à divers obstacles. La première difficulté réside dans la capacité qu'à l'individu à mobiliser les ressources, les capacités nécessaires à la réussite de ce mécanisme évolutif. En effet, on ne peut s'empêcher d'établir une corrélation entre espoir et capacité. L'impossibilité, ou du moins la perception d'une impossibilité d'une personne à identifier son potentiel peut apparaître comme un frein. Nous parlons ici de frein non pas dans l'élaboration d'une espérance en termes d'imaginaire et de représentation mentale, mais plutôt dans la construction et la gestion de cette dernière au quotidien. En effet, les croyances personnelles qui limiteraient le sentiment d'efficacité pourront être considérées comme autant d'obstacles vis-à-vis du processus de mobilisation des ressources (et plus particulièrement la motivation) pourtant souvent présentes mais non révélées. De plus, ce sentiment d'inefficacité peut parfois être relayé et donc amplifié par les valeurs personnelles portées par un individu qui, si elles ne soutiennent pas et ne valorisent pas ses potentialités, réduisent ainsi le champ des possibles en la matière. Les ressources perçues (et non réelles) n'offrent alors plus les conditions nécessaires au changement. Précisons à ce niveau qu'il est pourtant possible, et heureusement, de travailler sur cette perception. De fait, avec un travail personnel, il semble envisageable d'agir sur ces difficultés et de préparer ainsi l'esprit à changer de paradigme afin d'opérer un renversement dans la perception des états intérieurs et/ou extérieurs d'une personne.

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Nous pouvons dire que d'une manière générale, les aptitudes amenant à identifier des objectifs, à les décliner en actions concrètes et à les mettre en œuvre représentent les éléments fondamentaux sur lesquels l'espoir peut grandir. C'est en cela que celui qui est plein d'espoir se différencie de l'optimiste: «Il sait qu'il va exercer un certain contrôle sur les événements, pouvoir agir pour atteindre ses objectifs, alors que l'optimiste jouit "simplement" de la capacité à percevoir que les événements vont bien se passer, parfois même indépendamment de sa marge d'action», explique Yann Delas, élève de l'ENS et doctorant en psychologie du sport.


LANG Christian.


Les émotions.

(mis en ligne le 12/07/2020)

Pour ne pas faire « de vagues », pour ne pas être stigmatisées, par peur de se voir jugées ou écartées, les personnes en situation de souffrance s'obligent trop souvent à masquer leurs émotions au quotidien. Comment définir une émotion ? Peut-on et doit-on réprimer ses émotions ? Comment gérer ses émotions ?

Une émotion, de quoi s'agit-il ?

Il existe 5 émotions de base : la joie, la tristesse, la colère, le dégoût et la peur.

Aristote définit les émotions comme des sentiments accompagnés par la souffrance ou le plaisir qui changent l'homme en l'entraînant à modifier son jugement (Rhétorique, livre II, chap. 1, 1378a).

De manière générale, la communauté scientifique définit une émotion comme étant une réaction à un stimulus affectif, environnemental ou psychologique. L'émotion ressentie par rapport à une situation est propre à chaque individu, à son passé et son histoire de vie, ainsi qu'à ses capacités intellectuelles ou son état psychologique. On peut ainsi dire que l'émotion est le fruit d'une expérience individuelle comme de sa perception et qu'elle est vécue de façon subjective car en lien avec la réalité psychique et physique du sujet qui la ressent.

Le mécanisme de répression des émotions

Chercher à réprimer ses émotions pour ne pas se laisser déborder par elles est courant. Pour autant, le fait que les émotions soient souvent compliquées à reconnaître et à interpréter par la personne qui les ressent, rend ce mécanisme plutôt difficile à mettre en œuvre. Et pourtant, le refoulement des émotions qui ne permet pas leur intégration par le cerveau, n'est pas souhaitable. En effet, ce mécanisme est risqué car il oblige à accumuler un trop plein de pensées négatives. La personne peut dès lors être sujette à des troubles émotionnels plus ou moins intenses, sources de stress, de mal-être voire de burn out et de dépression.

La gestion des émotions

Le déclenchement des émotions apparait être de l'ordre du réflexe. Il échappe ainsi au contrôle de chacun. S'il n'est pas possible de les éviter, il existe cependant une possibilité de les réguler par la volonté. Nous l'avons vu, cette régulation ne passe pas forcément par la répression des ressentis émotionnels. Il semble préférable d'adopter une attitude de gestion des émotions. Il existe quatre voies d'accès à la vie émotionnelle qui constituent autant de moyens d'action pour gérer les émotions : la pensée, la parole, les actes et le corps.

Agir par la pensée

La pensée permet la prise en compte des émotions en donnant la possibilité à chacun de percevoir intellectuellement une situation ressentie et de se la représenter mentalement. A ce titre, la pensée sert de révélateur dans l'appropriation des ressentis émotionnels qui génèrent nos états intérieurs. Ceux-ci impactent dès lors l'humeur et les actes posés qui en découlent.

En réalité, nous ne gérons pas nos émotions mais nos pensées, ce qui revient au même car nos pensées sont à la racine de nos émotions, elles les déclenchent. Si nous ne pouvons pas contrôler ce qui est extérieur à nous, les situations, nous pouvons les empêcher de créer un certain type de réaction en nous.

Pour agir sur la pensée, il existe des techniques très anciennes comme la méditation. L'objectif est alors de chasser les pensées négatives en se focalisant sur la réalité du présent. Il s'agit d'un processus de gestion de la pensée qui permet à l'esprit de vagabonder au grès des éléments environnementaux éprouvés sur le moment présent.

Aujourd'hui, il existe également un nombre important de travaux de recherche qui alimentent la réflexion menée au niveau des thérapies comportementales et cognitives. Celles-ci réutilisent les enseignements du stoïcisme selon lesquels ce qui compte pour être heureux, ce n'est pas ce qui arrive et qui ne dépend pas de l'individu, mais la représentation qui en est faite qui elle, dépend uniquement de ce dernier. Il s'agit d'un état d'esprit qui offre la possibilité d'intégrer une situation par le biais d'une perception moins prégnantes d'un point de vue des émotions et des ressentis personnels. Cela nécessite une prise de recul sur les implications personnelles des situations de communication difficilement vécues : on peut ainsi parler de flexibilité psychologique, concept qui peut être alors considéré comme une source de résilience au quotidien tant sur un plan personnel que professionnel.

Agir par la parole

Mettre des mots sur ce qui est ressenti (de manière orale ou écrite), est un premier soulagement. La parole permet d'exprimer individuellement ou en groupe des perceptions et des représentations négatives. La prise de parole permet ainsi de se sentir moins seul face à la réalité de la situation exprimée en se donnant la possibilité de partager un vécu oppressant avec autrui.

Par ailleurs, la communication non violente de Marshall Rosenberg qui vise à prévenir par la parole l'activation des émotions négatives chez les autres, offre la possibilité d'éviter dans une situation de communication interpersonnelle ou en groupe, toute attaque personnelle et tout jugement de valeur vis-à-vis des différentes parties prenantes.

Agir par les actes

De même que les paroles, les actes ont un impact déterminant sur les émotions. Trop souvent, les actions menées trahissent un état émotionnel qui détermine les choix et les orientations prises en termes de communication.

A ce titre, la psychologie positive propose de poser des actes qui visent à stimuler les émotions dites positives. Elle met l'accent sur les mécanismes psychologiques qui aident au développement personnel et à se prémunir des effets du stress. La psychologie positive vise l'engagement personnel au travers notamment de relations interpersonnelles ou de groupe ayant du sens pour l'individu comme pour la communauté dans laquelle il gravite. Cette vision du vivre ensemble vise à prévenir les conflits intérieurs et les conséquences négatives voire délétères sur l'humeur et la motivation des individus. Elle permet également de contenir les mouvements de contestation collective au sein d'une organisation.

Agir par le corps

S'émouvoir et se mouvoir. Les deux verbes, issus du latin movere, « remuer », possèdent la même racine et nous rappellent qu'une émotion est une mise en mouvement. Mobiliser son corps peut alors permettre de révéler ou de libérer ses émotions dans la pratique d'activités physiques, sportives et artistiques comme dans les activités de la vie quotidienne.

La libération du contrôle de soi et le plaisir ainsi recherché qu'autorisent ces types de pratiques corporelles, offrent la possibilité d'un relâchement émotionnel. D'un point de vue physiologique, bouger son corps apparait comme un moyen de consumer l'hormone du stress, appelée cortisol. L'activité physique produit aussi les hormones du bien-être, les endorphines, qui chassent les humeurs négatives et permettent d'obtenir un état d'esprit positif.

Il est possible également de se servir de la respiration pour gérer les émotions. La cohérence cardiaque est une pratique personnelle qui entraine de nombreux bienfaits sur la santé mentale et émotionnelle. Elle permet, par le contrôle de la respiration de réguler le stress ainsi que l'anxiété.

Pourtant, on constate souvent à ce niveau que les contraintes personnelles ou professionnelles peuvent notamment en termes d'horaire et de charge de travail, limiter l'accès à ces temps de « respiration » pourtant indispensables pour trouver un équilibre.

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On le voit, le ressenti d'une émotion est un phénomène complexe. Pourtant, les émotions jouent un rôle essentiel dans l'adaptation à l'environnement psychoaffectif d'une personne et plus encore dans la période de la petite enfance. La psychologie positive peut alors apparaître comme une aide, une démarche facilitatrice à la compréhension de son monde intérieur. De par sa nature, elle peut offrir à tout un chacun une stabilisation de son champ émotionnel et permettre ainsi, de retrouver une existence plus sereine.


LANG Christian.


La psychologie positive : un objet de recherche faisant sens dans la quotidienneté.

(mis en ligne le 13/07/2020)

La psychologie positive est une discipline de la psychologie fondée officiellement en 1998 lors du congrès annuel de l'Association Américaine de Psychologie par son président de l'époque, Martin E. P. Seligman. Elle se base avant tout sur un corpus d'études scientifiques.

Selon l'Institut Français du Leadership Positif, plus de 500 études ont été publiées dans des revues scientifiques ou les médias sur le bonheur, l'optimisme, la gratitude, la satisfaction, la générosité, les émotions positives, l'humilité et la vulnérabilité. Études corrélationnelles, travaux expérimentaux et méthodes d'échantillonnage des expériences sont les principales méthodologies des chercheurs. Il est ainsi possible de définir la psychologie positive comme une science dont les recherches et les conseils apprennent à mieux orienter son existence.

Selon Jacques Lecompte, trois niveaux de l'expérience humaine peuvent être analysés par la psychologie positive: le niveau personnel, interpersonnel et institutionnel. Gaël Brulé, ajoute que l'individu est inextricablement pénétré par les différents tissus sociaux qu'il fréquente. Il s'appuie pour affirmer cela sur les dimensions sociales du bonheur et fait reposer sa réflexion sur un modèle tridimensionnel du bonheur. C'est ce qu'il appelle le modèle des 3I qui intègre trois éléments déterminants tels que l'impression (facteurs biologiques, optimisme, contrôle), l'influence (statut social, revenu et patrimoine, implication sociale) et les interactions (échanges, influence, confiance, aide).

De manière générale, on estime en psychologie positive que le fait d'allier la pensée à l'émotion prédétermine les sentiments et donc la perception d'une réalité qui devient dès lors une notion très subjective et personnelle. La quête du bonheur, objet important de recherche en psychologie positive, s'inscrit pleinement dans cette démarche. On le voit, la psychologie positive peut dès lors apparaître comme une discipline scientifique et faire sens dans le quotidien de chacun d'entre nous.

Mieux se connaître

Selon la théorie de l'élargissement constructif des émotions positives (Barbara Fredrickson 2001), les émotions positives participent à ouvrir le répertoire des actions et de la pensée de l'individu et ce, de façon à construire ses ressources personnelles : que ce soit physiquement, psychologiquement ou physiologiquement. Pour se faire, cette théorie se centre exclusivement sur les ressentis tels que la joie, l'intérêt, la satisfaction, la fierté et l'amour. Selon Barbara Fredrickson, les émotions positives ont un impact motivationnel évident car elles engagent l'individu à interagir avec son environnement pour l'explorer ou le maîtriser. Elles entraînent ainsi un élargissement attentionnel qui implique à son tour une augmentation des capacités à résoudre des problèmes et de se prévenir du mal-être. Elles peuvent donc également se révéler être un antidote aux émotions négatives en annulant les actions de ces dernières. Par exemple, Barbara Fredrickson et Robert W Levenson (1998) ont montré que les impacts cardiovasculaires des émotions négatives étaient annulés lorsque les individus ressentaient des émotions positives. Un autre aspect intéressant, prometteur en termes de recherche, est qu'il semblerait que certains individus utilisent les émotions positives de manière résiliente et pour générer une spirale positive lorsqu'ils auraient tendance à être entraîné dans certaines spirales négatives telle que celle de la dépression (Barbara Fredrickson, 2001).

Rester motivé

Pour donner du sens aux actions que nous menons et être heureux, il est indispensable de ressentir de la motivation. Des études ont montré que l'ambiance générale reliée à une situation, telle que la qualité des relations interpersonnelles à la maison, à l'école ou dans les groupes de travail, peut avoir un effet sur la motivation des individus. Un climat tendu apparaît peu propice à la motivation alors qu'un climat d'encouragement et d'ouverture la rehausse (Deci, Connell et Ryan, 1989 ; Deci, Schwartz, Sheinman et Ryan, 1981 ; Vansteenkiste, Simons, Lens, Sheldon et Deci, 2004). Selon la théorie de l'autodétermination (Deci et Ryan, 2000), il est tenu pour acquis que la nature humaine présente des caractéristiques positives persistantes (efforts, engagement...) appelées tendances inhérentes à la croissance ainsi que des besoins psychologiques fondamentaux dont la satisfaction est nécessaire au bien-être, au développement et au fonctionnement sain et optimal. Trois besoins psychologiques sont à la base de la motivation. Toujours selon la théorie de l'autodétermination, les facteurs sociaux seraient à même de faciliter une motivation autodéterminée (ou non autodéterminée) en nourrissant ou au contraire en entravant l'expression de trois besoins psychologiques fondamentaux : les besoins de compétence (besoin de se sentir efficace et capable d'effectuer des tâches de différents niveaux de difficulté), d'autonomie (besoin de se sentir à l'origine ou à la source de ses actions), et d'affiliation sociale (besoin de se sentir connecté et supporté par d'autres personnes). Une motivation est dite « autodéterminée » quand l'activité est réalisée spontanément et par choix. On parle aussi de motivation intrinsèque. À l'inverse, la motivation est qualifiée de « non autodéterminée » quand l'individu réalise une activité pour répondre à une pression externe. Dans ce cas, il s'agit de motivation extrinsèque. Ces différents types de motivation ont des conséquences cognitives, affectives et comportementales spécifiques. En contexte scolaire, plusieurs études (Reeve, 2002 ; Ryan et Deci, 2000 ; Sarrazin et Trouilloud, 2006) ont montré que les formes de motivation les plus autodéterminées étaient associées à des conséquences éducatives positives (attention, plaisir, persistance dans l'apprentissage, performances élevées), alors que les formes les moins autodéterminées avaient des conséquences négatives (abandon précoce, choix de tâches inadaptées à leur niveau, faibles performances). Dès lors, on peut dire que la motivation autodéterminée favorise l'implication des élèves en classe. Dans les milieux du travail, ceci peut également s'appliquer. En effet, la théorie de l'autodétermination postule que là où la satisfaction des besoins est possible, il y a un effet bénéfique qui mène à un fonctionnement optimal sur les plans tant individuel qu'organisationnel. De fait, face à un monde du travail de plus en plus complexe et qui semble parfois difficile à décoder, la théorie de l'autodétermination offre un cadre d'analyse utile pour savoir comment stimuler le bien-être et la performance par l'augmentation de la satisfaction des besoins et de la motivation autodéterminée.

La recherche du bien-être et du bonheur

Nous l'avons vu, nos actions conscientes nécessitent de la motivation. Mihaly Csikszentmihalyi (1970) a déclaré que la motivation intrinsèque la plus élevée correspond au « flow », où la conscience de soi est perdue, où l'on s'abandonne complètement au moment et où le temps ne signifie rien. L'expérience du « flow » dans la vie quotidienne est une composante importante de la créativité et du bien-être. Puisqu'elle est intrinsèquement enrichissante, plus nous la pratiquons, plus nous cherchons à la reproduire. Cela contribue à mener une vie pleinement engagée et heureuse. Les chercheurs ont trouvé que le « flow » pouvait améliorer les performances dans divers domaines comme l'enseignement, l'apprentissage, l'exercice physique et la créativité artistique. D'après plusieurs études, le « flow » produit des expériences positives qui permettent d'atteindre le bonheur et une augmentation de l'estime de soi sur le long terme.

Mais de quoi parle-t-on quand on évoque le concept de « bonheur » ? Il semble difficile d'en donner une définition puisqu'il s'agit d'un ressenti émotionnel très personnel. Pour autant, de nombreuses études ont démontré que l'argent, le statut social, la beauté, la jeunesse ni même la santé ne sont pas des facteurs éprouvés de bonheur. En revanche, certains autres facteurs ont été identifiés par des recherches. L'altruisme, la générosité, l'investissement personnel envers les autres apparaissent comme de véritables déterminants du bonheur pouvant être vécus au quotidien aussi bien sur les plans personnels, interpersonnels ou institutionnels comme je l'évoquais en introduction en faisant référence aux propos de Jacques Lecompte.

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Je terminerai cet article en évoquant la théorie de l'expérience optimale  élaborée par Mihaly Csikszentmihalyi. Selon lui, le bonheur se définit par « l'expérience optimale ». Il appelle à rechercher la joie, la créativité et le processus d'engagement total face à la vie. Il indique d'ailleurs que pour atteindre le bonheur, il est important de multiplier les expériences optimales de manière à recréer et préserver son équilibre mental. Il souligne également l'importance d'avoir un fil conducteur à ces multiples expériences optimales pour donner du sens à l'existence.


LANG Christian.              


La pratique méditative : pleine présence.

(mis en ligne le 16/12/2020)

La méditation existe depuis des millénaires mais ce n'est que récemment que notre société a commencé à donner à cette pratique ses lettres de noblesse. Dans un monde en constante évolution où la pression économique, sociale et digitale se fait de plus en plus ressentir, la méditation semble être le parfait allié pour préserver notre intégrité physique et mentale.

La méditation

Il s'agit d'une méthode qui permet à l'esprit comme au corps d'exprimer leurs propres besoins sous des conditions d'une plus grande liberté intérieure. La méditation est conçue pour atteindre facilement un état modifié de conscience. Un état modifié de conscience est un état mental différent de l'état de conscience ordinaire, « représentant une déviation dans l'expérience subjective ou dans le fonctionnement psychologique par rapport à certaines normes générales de la conscience à l'état de veille » selon Arnold Ludwig. Il permet ainsi de créer un autre rapport à nous-même, à notre identité et au monde qui nous entoure. L'apprentissage de la méditation n'est pas facile car il s'agit de défaire ce que nous passons le plus clair de notre de temps à faire, c'est-à-dire renforcer notre mental. Dans ce contexte, faire la paix avec ses pensées, sans les chasser, sans s'y accrocher, reste peut-être la plus grande difficulté à rencontrer. Du latin « Meditare » qui signifie « contempler », la méditation est une pratique qui consiste à entraîner l'esprit afin qu'il se libère des pensées. Méditer c'est donc utiliser certaines techniques de concentration et de relaxation afin de reprendre contact avec soi et ainsi, faire taire son agitation intérieure.

La méditation en pleine conscience

La méditation peut se pratiquer debout, assis, en marchant, les yeux ouverts ou fermés, silencieusement ou en répétant un mot, l'esprit concentré sur une image ou non. De fait, il existe différentes pratique de méditation. La méditation de pleine conscience, popularisée par Matthieu Ricard, Jon Kabat-Zinn ou encore le psychiatre Christophe André, en est une illustration.

La pleine conscience est une expression désignant une attitude d'attention, de conscience et de présence, qui peut être interne (sensations, pensées, émotions, actions, motivations) ou externe (au monde environnant, bruits, objets, événements et relations).

- Cette attitude d'attention nécessite une réelle disponibilité qui permet de sortir d'un fonctionnement en « pilotage automatique » pour être à l'écoute de son corps et de ses émotions tout en sortant du cadre de la pensée. Une attitude d'attention réclame également une posture de distanciation, facilitant une prise de recul face aux évènements. Il ne s'agit non pas de rejeter ces voix intérieures qui nous animent mais de les observer sans jugement. Cette distanciation aide à lâcher prise et à moins se laisser submerger par ses émotions. Enfin, l'attention ancrée sur l'instant présent de façon calme, lucide et objective permet le discernement et une appréciation plus mesurée de ses difficultés vécues au quotidien.

- Une attitude de conscience peut-être définie comme une capacité à s'apercevoir, à s'identifier, à penser et à se comporter de manière adaptée. A ce titre, la méditation en pleine conscience peut apparaître comme une caisse de résonance de ses fonctionnements, de ses valeurs ou croyances, de ses émotions ou sentiments. Cette situation oblige la personne qui médite à trouver, voire à retrouver, une proximité avec soi dans l'intensité d'une intimité acceptée.

- La perception précède la conscience. En effet, pour qu'il y est conscience, il faut qu'il y est perception en amont. L'action immédiate n'est pas forcément le fruit de la conscience. Elle s'apparente plutôt à un prolongement de la perception qui a permis de rentrer en relation avec un objet intérieur ou extérieur. La perception peut donc se définir comme un rapport à un objet qui oblige à un lien relationnel (la présence) ainsi qu'à un lien cognitif (la conscience) pour donner du sens et permettre sa mémorisation. A ce titre, la présence dépasse la conscience par l'ouverture et la relation qu'elle permet à soi comme à l'autre. On peut donc dire que la conscience participe à la présence et que la présence, optimise la conscience.

La méditation en pleine présence

Développée par Danis Bois, la méditation pleine présence offre la possibilité de pénétrer dans un monde intime et interactif qui tend à améliorer notre qualité humaine. « Pour cela, il faut franchir certaines étapes à commencer par renouer le contact avec le silence, cultiver pleinement le moment présent, mieux maîtriser le stress et l'anxiété, et retrouver l'estime de soi. Grace à cette posture, nous sommes plus à même d'investir le sens de notre vie, ainsi que de cultiver, récolter et partager la chaleur humaine à laquelle nous aspirons tous ». Ce type de méditation doit être compris comme une complémentarité à la méditation en pleine conscience.

L'introspection sensorielle, située au cœur de la pratique méditative en pleine présence, utilise la perception comme moyen d'accéder au corps et à l'esprit. Il sollicite les sens exteroceptifs, interoceptifs et proprioceptifs de manière progressive et cumulative qui conduisent l'attention du pratiquant.

- Il est d'usage de parler des cinq sens (les sens exteroceptifs) : la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût et le toucher. Cette classification constitue une première approche de la perception du monde qui nous entoure. Une étude en psychologie (Hatwell, 1994) qui a abordé le problème de la perception des informations, démontre qu'un sujet perçoit son environnement à 83 % par la vision, à 11% par l'audition, à 3,5% par l'odorat, à 1,5% par le toucher et à 1% par le goût. Des récepteurs sensoriels nous renseignent ainsi sur le monde extérieur et captent l'information de façon consciente.

- Les sens interoceptifs comprennent toutes les sensations qui viennent de l'estomac, de l'intestin. S'y ajoutent les sensations viscérales, ainsi que cette sensibilité générale du corps qu'on appelle la coenesthésie (sensations d'aise ou de malaise).

- Enfin les sens proprioceptifs nous renseignent sur les positions, attitudes, mouvements de notre corps et de nos membres. Cette sensibilité comprend le sens kinésique ou kinesthésique (sens qui se situe dans les articulations et les muscle, il nous informe sur nos mouvements proprement dits c'est-à-dire sur nos déplacements de nos membres et de notre corps dans l'espace) et sur le sens statique ou vestibulaire (sens qui a son organe dans l'oreille interne et qui nous donne le sens de la verticalité, des mouvements de rotation et de translation ; il préside à l'équilibration générale du corps).

L'ensemble de ses systèmes sensoriels sont des détecteurs de contraste. Le contraste est le rapport d'intensité entre deux stimulations adjacentes. Nous pouvons citer comme exemple, la sensation visuelle par le fait de percevoir plus intensément un objet noir posé sur un fond blanc. Mais cet exemple peut être élargi à l'ensemble des tous les sens évoqués plus haut. Quelle que soit la modalité sensorielle, il est nécessaire qu'il y est contraste pour que deux stimulations soient perçues comme deux stimulations dissociées. Tous les systèmes sensoriels renforcent les contrastes apparents entre deux stimulations proches et facilite ainsi une appréciation plus fine des ressentis.

La pleine présence travaille particulièrement sur la relation à entretenir avec ces contrastes. Elle offre la possibilité au méditant de vivre la subjectivité et la nuances de ses ressentis afin de faciliter le rapport qu'il peut entretenir avec la perception de ce qu'il lui est donné de vivre dans son champ évènementiel activé par la méditation.

Les bienfaits de la méditation en pleine conscience, en pleine présence

La loi de non prédominance entre le corps et le cerveau qui doit guider la méditation va permettre de favoriser un savoir-faire émotionnel qui développe des compétences émotionnelles.

Elle consiste en :

- la conscience de soi : capacité à discerner ses émotions et repérer leur influence sur les prises de décisions afin d'agir à partir d'un espace personnel plus neutre.

- la maîtrise de soi : capacité à contrôler ses émotions et ses impulsions. Permet l'adaptabilité et les réponses créatives devant les revers et les obstacles. Améliore le comportement personnel, la confiance, la capacité à se fixer un but et à travailler pour l'atteindre, la volonté de progresser et la fierté devant ses réussites.

- la conscience sociale : capacité à percevoir les émotions des autres, à les comprendre et à y réagir (écoute et communication orale "non violente").

- la gestion des relations : réelle aptitude aux rapports humains, à travailler en équipe, capacité de négocier pour régler les différends.

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En conclusion, nous pouvons dire que la méditation invite à reconnaître, à accueillir nos émotions et à en saisir l'impermanence. L'impermanence : concept clé en méditation car il ramène à l'attention du moment présent et nourrit la capacité à cultiver l'adaptabilité en laissant ainsi plus de place au changement et au bonheur. Rien en nous n'est stable et permanent. Notre corps est en perpétuel mouvement, en évolution constante. Nos pensées changent sans cesse, passent de l'une à l'autre, se contredisant parfois en l'espace de quelques secondes. Nos émotions naissent et meurent aussi vite, nos sentiments évoluent avec le temps, nos jugements aussi. Accepter l'impermanence, c'est démystifier cette image de soi, c'est accepter de se voir tel qu'on est, c'est-à-dire indéfinissable, mû par des vérités relatives, des convictions provisoires, des sentiments inconstants. C'est en cela que l'impermanence peut être reconnue comme un gage d'enrichissement, de développement et de changement par chacun d'entre nous.


LANG Christian.


Outils de développement personnel

(mis en ligne le 04/01/2021)


Les démarches centrées sur le développement personnel sont principalement issues du courant de la psychologie humaniste, qui vit son essor aux Etats-Unis dans les années 50 à 60 et en Europe dans les années 60 à 70.

Que peut apporter le développement personnel ?

Apprendre à gérer ses émotions ou certains traits de sa personnalité, développer son intuition, prendre confiance, les techniques de développement personnel sont mises en œuvre afin d'aider les individus à avoir une meilleure connaissance d'eux-mêmes et à trouver ou retrouver leur estime et leur confiance en eux. En effet, plus la personne en apprend sur son comportement, plus elle va réussir à être autonome et faire évoluer ses compétences. Cette méthode permet également une valorisation des qualités et des talents, ainsi qu'une exploitation de tous les potentiels de la personne. Ainsi, cela incite l'individu à réaliser ses rêves, à atteindre ses objectifs, et à accéder à une meilleure qualité de vie.

Les axes de travail du développement personnel

Les axes d'un travail sur soi peuvent s'articuler autour de trois pôles :

- Relation à soi : la question qui se pose est de savoir comment établir une relation constructive et positive vis-à-vis de soi afin de cesser d'entretenir souffrance et persécution à son égard ;

- Relation à l'autre : l'enjeu est de comprendre comment est-ce que l'on facilite ou à l'inverse, comment et combien on rend difficiles ses relations à autrui ;

- Relation à son histoire : afin de compléter les deux premiers axes de travail, il est important de s'interroger pour se mettre en position d'accéder au sens des événements de son histoire et de prendre conscience de l'impact qu'a entretenu celle-ci sur notre existence.

Les techniques de développement personnel

Pour réaliser au mieux son potentiel, il est possible de s'appuyer sur de nombreuses techniques.

Voici une liste des plus connues qui pourront vous aider dans l'élaboration de votre plan de développement personnel et l'atteinte de vos objectifs :

- Programmation Neuro-Linguistique(PNL) : s'appuyer sur le langage pour comprendre et modifier les représentations mentales et automatismes des individus afin d'agir positivement sur leurs comportements ;

- Analyse Transactionnelle(AT) : comprendre les interactions et problèmes relationnels à travers l'analyse de la personnalité et des « états du Moi » pour faciliter les échanges pour aller plus loin, il est possible également consulter la Process Communication) ;

- Sophrologie : combiner des exercices de respiration, de décontraction musculaire et d'imagerie mentale (ou visualisation) pour apaiser le corps et l'esprit, et renforcer ses capacités cognitives ;

- Ennéagramme (des 9 types de personnalités) : comprendre les 9 types de personnalité « ennéatypes », leurs motivations fondamentales et leurs compulsions d'évitements fondamentaux ;

- Hypnose: accéder à son inconscient pour se libérer de blocages et faire émerger des ressources afin de mieux vivre avec soi et faire face à des événements difficiles ;

- Psychologie positive : orienter sa perception de son environnement et des circonstances de manière positive et optimiste ;

- Méditation en pleine conscience/en pleine présence : pratiquer une méditation laïque et thérapeutique pour maîtriser ses émotions, réduire son stress et prévenir les épisodes dépressifs ;

- Yoga: combiner une variété de postures, de relaxation profonde, et de pratiques respiratoires et de méditation pour une meilleure forme physique et un ressourcement mental.

Toute démarche de développement personnel est une épreuve à risques. Ce peut être parfois une démarche complexe voire anxiogène par les bouleversements qu'elle peut procurer. Mais ce peut être aussi une démarche fabuleuse, par la rencontre du meilleur de soi-même et de la prise de conscience des champs des possibles. Le développement personnel peut donner la possibilité de prendre de la hauteur et d'accéder ainsi à notre réelle dimension d'être humain tout en permettant le changement.


LANG Christian.



La charge affective

(Mis en ligne le 15/01/2021)


Il peut paraître normal d'éprouver en trop-plein émotif après avoir vécu une période de stress intense. En effet, durant cette période, il a fallu s'adapter et trouver des solutions d'urgence. Dans un tel contexte, l'attention est dirigée vers l'action et les actes à poser afin d'essayer de faire face à la complexité de la situation vécue. Le stress incite ainsi à réagir plutôt qu'à ressentir. Il n'est pas facile alors de porter attention sur notre état émotionnel. Pourtant, lorsque l'urgence est passée et qu'une certaine stabilité s'installe, il est fréquent, suite aux stratégies mises en place dans le but de contrôler au mieux les évènements, de ressentir un effet « boumerang » de la part des émotions que nous avions reléguées au second plan : émotions qui, soudain, semblent nous envahir. Ce signe apparait comme une injonction et nous oblige à faire face à cette réalité émotionnelle qui s'impose désormais à nous.

La charge mentale

Vous avez sans doute déjà entendu parler du concept de charge mentale, cette préoccupation pour le moins prégnante voire usante qui nous habite et nous guide dans l'organisation du quotidien ? La charge mentale correspond en fait à ce que l'on peut appeler aussi une charge cognitive. Historiquement, la charge mentale a été identifiée en premier pour les femmes afin de décrire la double contrainte pesant sur elle : tâches ménagères et vie professionnelle. Depuis, cette notion a pu être élargie à n'importe quel individu afin de décrire la charge cognitive auquel ce dernier est soumis dans les différents compartiments de sa vie.

La charge mentale se manifeste suite à l'ensemble des contraintes qu'une personne doit gérer pour atteindre ses objectifs voire pour faire face à ses obligations. A ce titre, on peut dire qu'à l'instar de ce qui a pu être décrit dans la littérature au niveau de la sphère professionnelle, la charge mentale peut se décomposer en trois dimensions qui interagissent sur le vécu de la personne. En premier, on retrouve les paramètres de l'activité ou des activités à assumer. On parle de charge intrinsèque. Le contexte d'exécution de l'activité ou des activités est appelé charge externe. Enfin, le coût que représente la mise en œuvre des stratégies de régulation nécessaires à l'exécution correspond à la notion de charge essentielle.

Il est intéressant de souligner le caractère très subjectif de cette dernière qui peut être évaluée de façon différenciée selon les personnes concernées ou selon le moment où elle est ressentie. De manière générale, plus nos pensées sont nombreuses, plus cette charge est élevée. Plus elles sont contradictoires, ou dépréciatives, plus la charge mentale devient désagréable. La rumination ou le doute ont également tendance à la faire croître jusqu'à un seuil pénible, voire insupportable, où elle devient une surcharge invalidante.

Ce concept participe ainsi à la mise « en pression » d'un individu. De fait, une accumulation de charge mentale peut être à la source d'une lassitude voire de souffrances réelles faisant échos avec le champ émotionnel perçu par la personne. On parle alors de charge affective.

La charge affective

Mais que représente la charge affective ? Elle se manifeste sans crier gare, quand une accumulation de sentiments, d'émotions fortes ou de contrariétés nous déborde et finit par nous faire craquer. Aussi appelée charge existentielle, la charge affective s'explique par l'ensemble de tout ce que nous vivons dans nos relations. Elle correspond à l'effort émotionnel que nécessite la quotidienneté dans ses exigences répétées (colère, angoisse, tension). Elle se décline aussi bien au niveau des liens que nous entretenons avec nous-même qu'au niveau des relations amicales, familiales, amoureuses et professionnelles que nous établissons avec les autres dans un environnement donné. Notre charge affective peut donc être influencée par trois sources : soi, les autres mais aussi l'environnement qui tient également une rôle non négligeable.

Différence entre la charge mentale et la charge affective

La charge mentale, correspond à une charge cognitive, nous l'avons dit. Elle se caractérise en effet par une accumulation d'idées, de pensées et de soucis suite à un processus d'accélération de l'intensité ou du rythme d'activité à assumer ou d'objectifs à atteindre. La charge affective s'établit elle par la dimension d'affect qui y est associée et qui participe largement à la déstabilisation d'un individu. Si charge mentale et charge affective peuvent paraitre indissociables, il ne faut toutefois pas les confondre.

Le psychanalyste Saverio Tomasella a cherché à approfondir ce cadre de réflexion. Dans son analyse, il définit plus largement le concept de charge affective en introduisant notamment la notion de charge sensible.

La charge affective selon Saverio Tomasella

Pour lui, la charge affective se définit par la somme de la charge mentale et de la charge sensible. Selon Saverio Tomasella, la charge mentale recouvre toutes les pensées, les croyances sur soi, sur les autres, sur le monde, et les idées, qui nous préoccupent dans les situations que nous vivons ou dans l'organisation de notre journée. La charge sensible quant à elle, que nous appellerons aussi « charge existentielle » tant elle exprime la richesse subjective de notre existence, contient toutes les informations (sensations, émotions, sentiments, intuitions) non rationnelles qui nous mobilisent à un moment donné, que ces informations soient conscientes ou non. Des signaux corporels (fatigue, douleur, etc.) peuvent également se manifester. Lorsqu'il y a un trop-plein d'émotions, la charge sensible vire à la surcharge et à la saturation. On peut parler alors de burn out émotionnel.

Pour cet auteur, la charge affective est donc la conjonction de ces deux charges, l'une mentale et l'autre sensible, chacune pouvant avoir un impact psychologique et physique.

La charge sensible

Comme nous l'avons vu rapidement un peu plus haut, une charge sensible présente quatre pôles distincts. Nous allons maintenant détailler chacun de ses pôles afin de préciser notre propos.

Nous retrouvons dans un premier temps un pôle sensoriel, qui correspond à l'ensemble des sensations perçues dans une situation donnée, au moment même et dans les heures ou les jours qui suivent (excitation, abattement, plaisir, déplaisir, dynamisme, passivité, bien-être, mal-être, détente, tension, tonicité, fatigue, calme, tumulte, douceur, brutalité, douleur, gêne, etc.). Il est question dans un deuxième temps d'un pôle émotionnel, qui regroupe les émotions vécues (peur, colère, dégoût, honte, tristesse, joie) ainsi que l'humeur ou les variations d'humeur que nous connaissons. Cette polarité est parfois appelée « charge émotionnelle ». Ensuite, nous retrouvons un pôle sentimental, qui concerne les sentiments que nous ressentons à l'égard des personnes avec qui nous sommes en contact, ponctuellement ou durablement (affection, rejet, confiance, méfiance, connivence, abandon, sympathie, jalousie, estime, détestation...). Enfin, nous terminons avec un pôle intuitif, même si les intuitions sont fugaces, peu explicites et difficiles à exprimer, elles font partie de nos ressentis et s'ajoutent aux autres informations sensibles qui constituent la charge sensible.

Ce sont le cumul et la redondance de certains de ces éléments sensibles, parfois contradictoires (hostilité et tendresse, attirance et répulsion, etc.) qui créent le trop plein émotionnel, enclenchant un excès de mentalisation avec un risque élevé de déversement incontrôlable.

Exemple :

Déjà mi-décembre, Corentin est très en retard pour les courses de Noël. Comme chaque année. Il s'en veut et apporte beaucoup de justifications à son retard. « Je suis fatigué, j'ai besoin de me reposer » (sensations). « En ce moment, j'ai peur de ne pas pouvoir faire face financièrement, je dois faire des économies ; ces dépenses obligées me mettent en colère » (émotions). « Je n'ai plus envie de faire plaisir. Chaque année, c'est le même cinéma. Je me sens démotivé » (sentiments). « J'ai l'impression que mes cadeaux seront inutiles et vont passer inaperçus » (intuition réelle ou simple supposition). Avec une charge sensible déjà bien lourde, l'idée même d'aller faire les achats pour Noël paraît déplaisante et désagréable pour Corentin, presque insurmontable, ce qui le démobilise encore plus.

Une surcharge sensible entraîne fréquemment une plus grande vigilance, puis un excès de mentalisation, de ruminations, pour tenter de faire face à ce trop-plein d'informations. Une saturation sensible est aussi pénible à vivre qu'une saturation cognitive. En dehors de l'augmentation quantitative de la charge sensible au-delà de ce qui est supportable pour telle personne à telle période, deux phénomènes qualitatifs peuvent également augmenter la charge sensible de la même personne : l'amplification et la contagion émotionnelles.

L'amplification et la contagion émotionnelle

Le processus d'amplification apparaît du fait d'une sorte de « caisse de résonance » intérieure qui accentue, intensifie et prolonge chaque ressenti, principalement les émotions. Cette caisse de résonance est constituée par l'ensemble de nos expériences sensibles, aussi agréables que désagréables. De ce fait, une émotion du présent peut venir à la fois réveiller des émotions du passé et être nourrie par elles, ce qui l'amplifie et peut la rendre plus difficile à accueillir et à comprendre.

La contagion émotionnelle quant à elle est un processus externe. Elle correspond au fait qu'au contact des émotions véhiculées par d'autres, ces émotions font résonance avec la réalité de la personne et finissent par l'envahir. Il s'agit donc d'émotions qui sont communiquées par l'environnement et transmise plus ou moins rapidement par un agent extérieur. Ainsi, l'excitation ou l'abattement d'un tiers ou d'un groupe peuvent l'envahir rapidement, autant que la tristesse d'une personne rencontrée dans la rue ou que la joie spontanée d'un enfant. Ce phénomène de "contamination émotionnelle" peut se révéler particulièrement puissant. Il concerne aussi les grands rassemblements comme par exemple les regroupements lors de concerts ou les phénomènes de foule lors de manifestations à haut potentiel émotionnel.

Les conséquences de la charge affective

La charge affective est un phénomène insidieux qui s'installe doucement pour devenir bien souvent au fur et à mesure que le temps passe, omniprésent dans le quotidien. Généralement, cela se manifeste par du stress, de l'anxiété, de la fatigue, des migraines ou d'autres douleurs physiques.La charge affective ne doit pas être prise à la légère, car elle peut avoir de graves conséquences, aussi bien pour la personne qui en souffre que pour son cercle familial. Elle peut en effet mener progressivement à une dépression.

Comment anticiper une trop grande charge affective

Avant tout, il est nécessaire d'écouter ses émotions. Ceci n'est pas chose aisée. Il s'agit de pouvoir observer calmement ce qu'il se passe à l'intérieur de soi, d'analyser les émotions réellement ressenties afin de différencier les problèmes les uns des autres et de pouvoir agir avant que la situation nous échappe.

Afin d'anticiper tout dérapage, Saverio Tomasella préconise de se focaliser sur douze points qu'il juge essentiel pour maintenir une charge effective en « relatif équilibre ».

Comment y remédier une fois qu'elle est présente ?

Après avoir pu discerner les conséquences (stress, anxiété, tentions, émotions, ressentis, comportements) de la charge affective sur sa vie, ce qui est loin d'être évident pour beaucoup de personnes, il devient alors nécessaire d'agir sur les facteurs qui l'alimentent. A ce niveau aussi, il peut être compliqué de cerner ces facteurs. En effet, une certaine « normalité » de situation est souvent intégrée par le psychisme. Notre éducation ou notre « conditionnement », nous conduisent à ne pas vouloir tenir compte des signes d'épuisement, puis à refuser de percevoir que l'usure est en train de s'installer de manière très réelle. Les notions de devoir, de performance, de don de soi sont autant de réalités qui légitiment aux yeux de la personne, un engagement personnel trop important et délétère à terme. Une fois le problème analysé, il faut trouver les solutions pour y remédier. Se débarrasser de la charge affective demande de prendre beaucoup de recul et de s'écouter. Cela peut se manifester par un comportement un peu plus égoïste qui permet de se remettre au centre de ses propres préoccupations. Lorsque la charge affective est trop importante au sein d'une relation ou d'un contexte relationnel, il est alors essentiel de communiquer à ce sujet avec la personne ou les personnes concernées afin qu'elles en comprennent les enjeux. Quoi qu'il en soit, l'équilibre à trouver est délicat et complexe dans sa mise en œuvre de par le fait notamment, que l'environnement apparait souvent comme difficilement maitrisable. L'objectif doit donc davantage se porter sur les rectificatifs qui sont à notre portée et rendus possible dans le cadre d'une décision individuelle. Cette décision, qui doit absolument être prise, nécessite que l'ordre établi par le groupe social dans lequel gravite la personne soit modifié. Elle peut donc engendrer un bouleversement dans l'équilibre des relations établies et peut être à ce titre, une source de nouveaux facteurs de stress. Il est donc souhaitable, afin de passer ce cap délicat, de pouvoir intégrer de nouveau schémas de vie en allant vers l'inconnu et de pouvoir ancrer son positionnement sur des ressources internes (forces, qualités et compétences personnelles) ou externes à la personne (réseau d'amis, réseau familial, appel à des professionnels par exemple), voire les deux. De manière générale, l'activité physique, les activités culturelles, les échanges interpersonnels ou les techniques de développement personnel sont autant d'outils à la disposition de chacun d'entre nous. Ils peuvent permettre une meilleure évaluation des situations de vie, des répercutions qui s'en suivent et des décisions qu'il est nécessaire de prendre pour limiter la charge affective et se donner une chance de revenir à un équilibre psychique.

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D'une manière générale, alléger sa charge affective passe par le lâcher prise. Lâcher prise, c'est faire preuve de capacités d'adaptation, tandis que s'obstiner à vouloir façonner la réalité selon nos idées, nos croyances et nos exigences, revient à s'enfermer le plus souvent dans un engrenage qui mène au surmenage. Selon la thérapeute américaine Daphne Rose Kingma, retenir équivaut à croire qu'il y a seulement un passé mais lâcher prise, c'est savoir qu'il y a un avenir. Il existe un moyen très simple de comprendre en quoi consiste le lâcher prise afin de pouvoir mieux se l'approprier : il s'agit de l'opposer à son contraire qui est le contrôle. Le contrôle semble souvent pour tout un chacun, être synonyme de sécurité. Que ce soit au niveau du travail ou dans la sphère personnelle, que ce soit sur le plan des émotions, sur celui de la relation à l'autre ou vis-à-vis des évènements, nous avons tendance à vouloir contrôler la situation. Pourtant, si nous réalisons que nous ne pouvons changer ni les événements ni les autres et que nous avons seulement la possibilité de changer notre façon de les percevoir, nous sommes dans le lâcher prise. Nous nous accordons alors une chance de vivre moins de stress et d'éviter un burn out émotionnel.


LANG Christian.


L'hypnose Ericksionenne

(Mis en ligne le 21/03/2022)

L'hypnose est une technique ancienne qui existait déjà à l'Antiquité et utilisée pour le soin dans les sociétés occidentales depuis bien longtemps. Par la parole, le praticien en hypnose induit chez le patient un état de conscience dit « état modifié de conscience » caractérisé par une profondeur intérieure, soit une indifférence à ce qui se passe à l'extérieur ainsi qu'une hyper suggestibilité. Cet état de conscience « hypnotique » peut être utilisé pour amplifier les ressources internes du patient. La pratique psychothérapeutique de l'hypnose donne une importance majeure à la notion de présence à l'instar de la méditation, à laquelle le patient accède par le biais de ses perceptions sensorielles.

Les principes de l'hypnothérapie

La plupart des théories psychologiques considèrent que de nombreux problèmes personnels et relationnels ont leur source dans l'inconscient. Le conscient et l'inconscient désignent des sphères d'activité de l'esprit appelées également « psychè. La conscience peut être défini comme un état dans lequel un individu sait qui il est et où il se trouve, ce qu'il peut ou ne peut pas faire dans le contexte avec lequel il interagit. Plus généralement, il peut s'agir également de la faculté à « se voir » soi-même et à se reconnaître dans ses pensées et ses actions. Par opposition, l'inconscient est ce qui échappe à la conscience. C'est là que sont stockées des centaines de milliers d'informations qui agissent au quotidien et déterminent nos existences. Des schémas familiaux ou culturels, des difficultés pas réellement surmontées, des complexes voire des situations de vie traumatisantes peuvent alors donner lieu à des « comportements appris » si intégrés, qu'ils orientent nos choix comme nos actes posés pendant des années sans que nous en soyons vraiment « conscients ». Dans ce cadre, l'hypnose invite l'inconscient à se défaire de ses idées nuisibles et décalées du présent pour les remplacer par des idées plus ajustées à la réalité, aux valeurs et aux besoins ressentis voire exprimés aujourd'hui. Par ailleurs, il existe plusieurs types d'hypnose selon leur application médicale : l'hypnosédation (à visée sédative et utilisée en anesthésie), l'hypnoanalgésie (pour lutter contre la douleur) et l'hypnothérapie (à visée psychothérapeutique). Quoi qu'il en soit, la motivation du sujet est primordiale si l'on désire amorcer un changement par l'hypnose.

Qu'est-ce que l'hypnose Ericksonienne ?

Développée au milieu du 20ème siècle par le psychiatre et psychologue américain Milton Erickson, l'hypnose Ericksonienne est l'une des branches les plus influentes et répandues de l'hypnothérapie ou 'hypnose thérapeutique. Le psychothérapeute comme l'hypnopraticien (hypnologue), est un est un praticien qui utilise l'hypnose afin d'accompagner son patient vers un mieux-être. L'hypnose Ericksonienne se caractérise par une approche souple, indirecte et non dirigiste. Nous l'avons vu, l'objectif du praticien est ainsi d'inviter l'inconscient du sujet à se défaire de ses idées nuisibles et à les remplacer par des idées plus justes ou qui correspondent mieux à ses valeurs. Pour ce faire, l'accompagnement mis en place se doit d'être respectueux de la personne. Le praticien est à l'écoute, il adapte son style d'élocution et d'approche à la personne qu'il reçoit en utilisant un mode de communication non intrusif. Il peut s'appuyer sur des suggestions indirectes et des métaphores afin de faire lever les résistances au changement et laisser la personne accéder à ses propres ressources pour permettre les changements souhaités.

Le principe de dissociation

L'hypnose Eriksonienne sollicite la créativité de l'inconscient et l'invite à exprimer ce qui pourrait être changé. En Hypnose Ericksonienne, le praticien propose donc à la personne à se désengager de sa partie consciente par des suggestions thérapeutiques ou des métaphores en direction de son inconscient qui choisit de les suivre ou non. Ce type d'hypnose s'appuie ainsi sur ce que l'on appelle la "dissociation". Dans le processus qui amène un état modifié de conscience, la personne se dissocie temporairement d'une réalité présente, tout en restant en contact avec le monde environnant. Le langage hypnotique agit en profondeur, comme un stimulus et court-circuite le mental. En cela, nous pouvons dire que l'hypnose permet la libération des forces inconscientes provenant de la mise à l'écart du mental (fonctions conscientes de la personne). La personne n'est pas pour autant coupée de ce qui se passe autour d'elle et conserve son libre-arbitre tout en restant centrée sur un travail inconscient qui l'absorbe totalement. L'hypnose peut dès lors est décrit comme un processif actif, un travail au cours duquel une personne se donne une chance d'accéder à des réponses et à des changements devenus possibles, mais changement qui apparaissent le plus souvent au-delà de la séance, sans que le patient n'en prenne conscience.

Comment amener cet état modifié de conscience ?

Pour amener une personne en situation d'hypnose », donc amener cette personne à être « dissociée », on peut la mobiliser en l'encourageant à se détendre et à se concentrer sur un élément de focalisation (un point à fixer, le rythme de la respiration par exemple). C'est ce que l'on appelle une « induction hypnotique ». Il est possible également d'utiliser des « interruptions de pattern » pour parvenir à ce résultat. Mais ces « interruptions de pattern » s'apparentent à un choc plus ou moins brutal amenant à la perte de la conscience critique (conscience à l'état de veille). De fait, il ne s'agit plus là d'hypnose thérapeutique mais d'hypnose de spectacle.

Cette induction étant réalisée, un état modifié de conscience offre alors à la personne les conditions qui lui permettront de transformer sa façon de percevoir une situation et d'en modifier certains ressentis comme la douleur ou la peur par exemple.

Comment se déroule une séance avec un hypnothérapeute ?

L'hypnothérapie ericksonienne est une thérapie orientée vers les solutions. Le premier temps de la séance est donc consacrée à clarifier et définir les besoins exprimés afin de déterminer l'approche ainsi que les méthodes à utiliser pour y parvenir. Il arrive parfois que l'intégralité de la première séance soit consacrée à cette étape.

Après une discussion destinée à déterminer les besoins du patient (l'anamnèse), le patient est donc invité dans un deuxième temps par le praticien, à se détendre. Nous l'avons vu, il s'agit de la phase d'induction qui lui permettra tout en fermant les yeux, de se retrouver en état hypnotique (ou état de transe hypnotique). Pour ce faire, le praticien adopte une voix douce et monotone.

Cet état hypnotique permet de se retrouver focalisé sur soi-même en oubliant ce qui se passe dans l'environnement immédiat pendant un moment donné. Une fois la personne en situation de « transe hypnotique », le praticien peut ainsi guider la personne par un débit de voix lent et régulier. L'objectif est de faire travailler son inconscient tout en lui offrant la possibilité de transformer ses expériences par le biais de nouveaux apprentissages : cette phase de " transe hypnotique " correspond au troisième temps d'une séance d'hypnose. A ce stade, l'esprit rationnel critique de la personne est beaucoup moins présent. Ainsi au lieu de sentir absorbée par sa problématique, elle peut utiliser son imagination de manière beaucoup plus libre, notamment pour devenir plus créative et trouver de nouvelles solutions en réponse aux difficultés rencontrées.

La suggestion et la métaphore

L'hypnose utilise une forme de parole qui agit donc directement sur l'inconscient la suggestion verbale et la métaphore.

La suggestion verbale est ainsi le principal outil de l'hypnose. C'est une méthode largement utilisée pour induire une attente, un changement, une perspective. Le but de la suggestion va donc être de proposer (il ne s'agit en aucun cas d'une injonction)  à un patient, une idée, une image ou une situation dans le plus grand respect de son intégrité. Le but recherché est d'ouvrir le champ des possibles sans passer par la dimension cognitive (la réflexion), peu réceptive car hautement alimentée voire conditionnée par les expériences du passé. Le praticien va chercher à parler un peu plus distinctement que d'habitude, en faisant des pauses et sans varier de ton ou de volume sonore. La tonalité de la voix doit être la même du début jusqu'à la fin.

La métaphore, du latin metaphora (au sens propre, transport), est une figure de style fondée sur l'analogie. Elle désigne une chose par une autre qui lui ressemble ou partage avec elle une réalité essentielle. C'est un mot qui en remplace un autre, une image qui en remplace une autre. Le mot ou l'image substituée n'est jamais énoncé et aucun terme de comparaison n'est employé. Seul le lien analogique peut permettre de remonter au terme substitué. En hypnose, lorsque l'on parle de métaphore, elle s'étend aux histoires, aux contes symboliques et même aux anecdotes que le praticien utilise pour parler au patient. Un récit à la troisième personne ou bien une invitation à s'imaginer seul dans un lieu sécure (une plage paradisiaque, une clairière ou simplement un refuge comme une pièce par exemple) rentrent donc dans la catégorie des métaphores.

Pour terminer la séance

Avant de terminer la séance, le praticien va permettre à la personne de revenir « ici et maintenant » afin de retrouver son niveau de conscience initiale. Cette sortie d'hypnose se fait sur un laps de temps plus ou moins court. Il nécessite la mise en œuvre d'un moment d'accueil chaleureux, empreint d'empathie et de douceur de la part du praticien. Celui-ci peut également utiliser ce moment particulier pour conforter et mobiliser l'expérience intérieure vécue par la personne en continuant à énoncer quelques suggestions.

Une fois la personne revenue de ce « voyage intérieur », certains résultats qui peuvent parfois être évalués immédiatement peuvent faire l'objet d'une discussion entre le praticien et le patient. Ils peuvent ainsi analyser ensemble et effectuer un retour d'expérience sur les résultats, les résistances, les bénéfices, les ressentis, les émotions, les sensations perçus durant la transe hypnotique. Cependant, comme nous l'avons déjà dit, le travail réel se fait la plupart du temps après la séance c'est-à-dire dans les jours qui suivent.


LANG Christian.


Le changement

(Mis en ligne le 28/05/2022)

Les êtres humains présentent un fonctionnement qui nécessite une recherche permanente d'équilibre. Pourtant, l'apparition d'un changement provoque généralement une perte de repères d'un point de vue psychologique. Celle-ci fait d'ailleurs l'objet de réponse de la part de l'organisme par le biais de stimuli que sont le stress et les émotions. Ainsi, face à un changement, on s'aperçoit que l'homme tend instinctivement à mettre en œuvre des stratégies d'adaptation afin de retrouver cet équilibre mis à mal par une situation vécue comme déstabilisante. Mais les émotions et/ou le stress ressentis parfois comme insupportables peuvent devenir un obstacle à toute adaptation propice à une dynamique ainsi qu'à des comportements adéquates. En effet, dans une telle situation, le sujet va résister au changement en mobilisant ce qu'Anna Freud appelle des mécanismes de défense. Pour autant, même si la résistance au changement peut apparaître comme un processus normal et naturel dans une quête de sécurisation, il est important que chacun comprenne son fonctionnement afin de mieux d'appréhender son avenir en termes d'évolution et de changements possibles.

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Le mécanisme de changement

Le changement est un processus complexe, non-linéaire générant résistance, stress, anxiété et parfois même une perte temporaire de points de repère. De façon générale, le changement est défini par le fait de passer d'un état à un autre. Il est synonyme de modification et de transformation c'est-à-dire remplacer quelqu'un ou quelque chose, de rendre différent, de modifier. Le changement en psychologie désigne « l'instauration d'un nouvel équilibre qui implique la résolution d'un état de tension psychologique, de sentiments vécus, souvent confus où se mêlent une anxiété et une nostalgie vis-à-vis de l'ordre passé » (Bloch et al., 1997).

Par ailleurs, le changement est continuel. Il expose chacun à des difficultés passagères, habituellement résolutives. Mais en cas d'absence de résolution de ces difficultés, c'est la répétition d'une même tentative de solution qui peuvent amener une personne à devoir faire face à un problème. De plus, une fois créé, le problème persiste généralement sous l'influence du comportement et des interactions établies avec l'entourage. En éliminant le comportement qui alimente le problème, ce dernier se modifie et devient alors une difficulté résolutive, ou mieux encore, il disparaît.

Accepter de changer oblige ainsi à accepter de considérer l'évolution du comportement et de ses perceptions comme faisant partie intégrante du processus même du changement. C'est pourquoi, lorsqu'on s'intéresse au changement de comportement d'un individu, on observe surtout la démarche avec laquelle celui-ci modifie ses actions, en regardant les étapes qu'il suit pour arriver à son but et passer du comportement actuel non désiré à celui souhaité.

Le modèle du changement

Le comportement fait donc partie intégrante du changement. Le modèle Transthéorique de changement (James O. Prochaska et Carlo C. Di Clemente, 1982) nous offre un mode de compréhension sur les stades par lesquels nous passons lorsque nous opérons un changement comportemental. Ce modèle est basé sur différentes théories du changement en psychothérapie et sociologie même s'il a beaucoup été utilisé dans le champ de la santé, notamment pour les problèmes d'addiction. Il peut ainsi être également vu comme un moyen d'analyse dans le cas de dépendance d'ordre psychologique et notamment pour les personnes dépendantes affectives. Il est à noter que la motivation est essentielle à tout processus de changement personnel. Le sentiment d'efficacité personnelle qui renvoie aux jugements que les personnes font à propos de leur capacité à organiser et réaliser des ensembles d'actions requises pour atteindre des performances attendues, est une composante essentielle dans le processus motivationnel mis en exergue par le modèle Transthéorique. Par ailleurs, ce modèle stipule également que le passage d'un stade à l'autre s'accompagne d'une évolution de la perception des coûts et des bénéfices associés au changement.

Selon ce modèle, on distingue une série de cinq stades de changement : la précontemplation (ou l'inaction), la contemplation (ou la prise de conscience), la préparation (ou la détermination), l'action et le maintien (ou la consolidation).

L'inaction ou la précontemplation

À l'étape de la précontemplation, la personne ne songe pas à faire de changement. Elle n'est pas encore forcément sensibilisée. A ce titre, elle ne comprend pas encore très bien pourquoi elle devrait effectuer un changement car le croit inaccessible ou sans intérêt, trop difficile voire impossible. En effet, les acquis obtenus suite à cette situation connue et familière semblent toujours plus avantageux que les avantages attendus par un éventuel changement. À cette étape, l'information peut aider à se sensibiliser davantage et amener à concevoir que le changement pourrait être réalisable.

La contemplation

À l'étape de la contemplation, la personne pense à effectuer le changement dans un avenir plus ou moins rapproché. À ce stade commence à se manifester l'ambivalence. La personne envisage un changement de comportement mais elle hésite à renoncer aux bénéfices de la situation actuelle. On parle alors de balance décisionnelle, qui amène à comparer les pour et les contre d'un changement avec ceux de son comportement actuel. La personne est cependant plus motivée et intéressée à s'informer qu'à l'étape précédente. Elle peut ainsi être aidée par l'information et les encouragements.

La préparation

À l'étape de la préparation, la personne est convaincue du bien-fondé de faire le changement. Elle croit qu'il est temps d'agir. Elle commence à poser des gestes et fait des plans. La personne se sent prête à démarrer la phase d'action dans un futur proche. Elle commence à prendre position dans le changement. Toutefois, elle a besoin d'envisager positivement sa démarche, d'apprendre à moins craindre l'échec et de considérer d'éventuelles rechutes comme des étapes dans un processus normal de changement.

L'action

À l'étape de l'action, la personne adopte les comportements et les attitudes souhaités et organise sa vie et son environnement de façon à faciliter ses changements. Cette étape requiert du temps et de l'énergie. Les difficultés sont importantes. Le soutien et l'encouragement sont nécessaires car la personne n'arrive pas nécessairement à maintenir les changements de façon stable. A ce stade, la personne apparaît encore vulnérable et les risques de rechutes sont assez élevés. Elle doit apprendre de son expérience pour s'ajuster et persévérer dans les changements. Elle doit toujours élaborer des stratégies pour réussir à maintenir son objectif (ex. réviser ses priorités, se mettre dans de meilleures conditions, gérer le stress, réserver du temps, être assez reposée...).

Le maintien ou la consolidation

À cette phase de consolidation, il convient de rester prudent car les tentations sont nombreuses de retourner au comportement en lien avec la problématique. À cette étape, la personne a réussi à maintenir le changement sur une période de plusieurs mois et la rechute à une étape antérieure devient beaucoup moins probable.

Le passage d'un stade à l'autre est rarement linéaire. En effet, les individus vont rencontrer des difficultés les ramenant souvent au stade précédent. Dans ce modèle, les échecs sont considérés de façon positive, ils stimulent l'apprentissage de nouvelles stratégies et de nouvelles tentatives plus structurées. Au cours du processus, le nombre de croyances positives à l'égard du nouveau comportement vont augmenter, les croyances négatives vont diminuer.

Les enjeux du changement

Le changement offre la possibilité de ne plus subir et de vivre ses propres choix par une meilleure compréhension de ses mécanismes et ses stratégies d'adaptation. A ce titre, le changement rend le pouvoir pour agir à celui ou celle qui sait s'attacher aux causes réelles des dysfonctionnements en allant au-delà des symptômes visibles. L'une des façons de faciliter la conduite du changement est de travailler sur la connaissance de soi et de l'autre. Pour décoder et comprendre les différences et les similarités psychologiques entre les individus, un éclairage objectif est nécessaire pour aller au-delà du déclaratif et des perceptions personnelles. Une bonne compréhension de soi permet de reconnecter avec sa singularité et ses besoins. Une meilleure compréhension de l'autre aide à prendre conscience de ses propres biais comme de ses angles morts.

Les types de changement

Paul Watzlawick (1974) distingue deux types de changements : les changements de type 1 et les changements de type 2.

Pour lui, le premier type de changement s'opère à l'intérieur d'un système de fonctionnement personnel sans que celui soit remis en question. En effet, le changement de type 1 va, à l'instar d'un thermostat, permettre à la personne de réguler son quotidien en modifiant à la marge son mode de fonctionnement. Ce type de changement est dit « adaptatif ». Son rôle est de maintenir dans un espace-temps, l'équilibre interne de la personne.

Le second type de changement va s'appuyer sur des éléments extérieurs au système de fonctionnement de la personne. A ce niveau, la structuration du mode de fonctionnement de la personne est au cœur du processus de changement et permet ainsi une possible et réelle évolution du système de fonctionnement en lien avec l'environnement. Il va donc faire sortir le système de ses plages de régulation « homéostatiques », dites d'adaptation, pour rechercher un nouvel équilibre. On parle alors de recadrage. Ce procédé va permettre de revisiter l'énoncé du problème et de s'ouvrir à des solutions situées à l'extérieur du cadre initial. Les solutions relevant de cette seconde approche, seront vécues comme contre-intuitives, inattendues et souvent difficiles à appréhender au regard des normes et des schémas établis dans le cadre initial. Pour autant, les réponses permettent dès lors de déplacer la situation dans un autre cadre plus propice à la résolution du problème en changeant, non pas les faits, mais le sens donné aux choses. Ce nouvel éclairage va dans le même temps obliger à renoncer aux anciennes croyances constitutives de l'équilibre précédent. En effet, c'est la persistance de croyances difficiles à déloger qui vont, en grande partie, expliquer la difficulté à opérer des changements de type 2. L'un des points clés sera alors d'identifier les sources de résistance face au changement.

La résistance au changement

Nous pouvons souhaiter très fortement d'entreprendre une dynamique de changement et en même temps consciemment ou non, résister tout aussi fortement au changement. L'ambivalence entre le désir de changer et la crainte existe dans toutes personnes désireuses de faire évoluer le cours de sa vie. En effet, désirer le changement c'est aller vers l'inconnu et l'inconnu fait peur. De fait, cette peur du changement provoque des résistances souvent de façon inconsciente que l'on oppose d'ailleurs souvent au lâcher-prise. D'un point de vue psychologique, la résistance peut se définir comme une réaction pour s'opposer à ce qui arrive, à ce qui se passe à l'intérieur ou à l'extérieur de soi ou pour lutter contre soi ou les autres, finalement pour refuser ce qui est. Nous pourrions également qualifier la résistance comme un phénomène qui retient ou empêche les progrès à réaliser pour avancer et s'ouvrir à un nouveau mode de fonctionnement.

A ce titre, la résistance au changement peut être défini comme un mécanisme d'adaptation profondément ancré dans le cerveau humain. Elle amène les êtres à vouloir fuir ou éviter toutes situations ou émotions vécues comme potentiellement ou réellement inconfortables voire menaçantes vis-à-vis d'un équilibre fragile généré et alimenté par des besoins, des valeurs ou des croyances qui se confortent dans le temps. La résistance au changement est universelle, inévitable: c'est une stratégie de survie. Et notre cerveau va toujours réagir pour nous éviter une souffrance réelle comme anticipée ou imaginée. Voilà pourquoi il est tellement compliqué pour une personne de s'engager dans un changement de type 2.

Exagérer les difficultés qui se présentent, raconter à leur propos des histoires qui font que leur perception en est exagérée, anticiper l'importance des obstacles avant même qu'ils n'apparaissent et interdire de fait toute possibilité d'agir, faire revivre des épreuves du passé, entretenir des souvenirs pénibles, ressasser de manière ininterrompue les mêmes expériences négatives : voici quelques exemples de résistance mises en œuvre au quotidien. Le comble de la résistance consiste à ériger des barrages, à chercher à tout contrôler, croyant à tort empêcher la souffrance. La résistance, c'est tout cela : une tentative d'aller à l'encontre de ce qui est, de figer la vie, de fuir la réalité de la souffrance en vain. Les mécanismes de défense qui interviennent alors tentent de réguler les craintes et les peurs face au changement. Ces mécanismes de défense prennent ainsi la forme d'attitudes ou de comportements faisant face à une représentation insupportable de la réalité. Ils permettent d'éviter les agressions causées par l'expérience de l'angoisse qui en découle.

L'évitement expérientiel

L'évitement expérientiel peut apparaître comme un obstacle au changement. Il correspond aux tentatives faites pour modifier la durée, l'intensité, la forme ou la fréquence de son expérience intérieure perçue et vécue de façon négative. L'évitement expérientiel se caractérise donc par des pensées, des sentiments et des sensations indésirables ainsi que par une réticence à vivre ces expériences et un effort délibéré pour y échapper. Ce comportement réprimé peut être vu comme une stratégie d'autoprotection visant à éviter des conséquences considérées comme douloureuses. De fait, à force de limiter le contact avec ses émotions et ses pensées désagréables, une personne va avoir tendance à restreindre son répertoire comportemental ainsi qu'à terme, son champ d'action et donc son accessibilité au changement. Ce souhait de contrôler ses craintes ou ses inquiétudes ou bien y échapper dès qu'elles surviennent ne laissera finalement que peu de perspectives pour agir en direction de ce qui est nécessaire de faire évoluer ou changer.

Le concept de flexibilité psychologique

Afin d'appréhender au mieux ses potentialités, il est important de pouvoir s'extraire de cette posture défensive contreproductive et de s'engager dans un processus constructif en termes de changement. Nous ne sommes pas tous égaux devant le changement. Pour certains un changement mineur deviendra une source d'angoisse et de déprime, tandis que pour d'autres un grand changement semblera n'être qu'une formalité. Ce facteur qui fait la différence est appelé la flexibilité psychologique. La flexibilité psychologique est un moyen d'y parvenir. Le psychologue américain Steven C. Hayes définit ce concept comme « la capacité à être conscient de ses pensées et de ses sentiments du moment présent et ce, sans que cela empêche de poursuivre ses actions dans la poursuite de ses objectifs et de ses valeurs ». Il est rare que les choses se passent exactement comme elles avaient été prévues. De fait, une personne qui possède une bonne flexibilité psychologique choisira d'agir en fonction de sa nouvelle réalité, que l'on parle des exigences extérieures de la situation actuelle ou des ressentis internes (pensées, émotions) qui s'imposent à elle, quelle que soient leur nature : indésirables, désirables ou neutres. En d'autres mots, c'est la capacité de choisir de faire des actions pour s'approcher de ce qui compte réellement pour soi (des personnes significatives et des choses précieuses), même en présence d'obstacles, comme la maladie, des émotions et des pensées désagréables.

Devenir plus flexible psychologiquement

Pour devenir plus flexible, il est indispensable d'accepter le caractère versatile des choses comme inhérent à notre existence. Si vous prenez conscience que rien n'est vraiment sûr et que tout peut changer, vous aurez jeté les fondements d'une pensée flexible. Il existe cinq attitudes qui permettent de travailler l'amplitude des mouvements psychologiques issus de la Thérapie de l'acceptation et de l'engagement (ACT) qui est une démarche à la fois comportementale, humaniste et existentielle.

L'acceptation

Il s'agit là de se reconnecter à nos pensées, ressentis et comportements. Cela implique d'être conscient de ce qui se déroule en nous et autour de nous, sans chercher pour autant à changer le déroulement des choses. Il peut être nécessaire d'accepter l'expérience telle qu'elle est, sans chercher à fuir ni résister. En effet, le fait de refuser la réalité du changement ne fait que prolonger la période d'inertie et ralentir l'arrivée de l'adaptation. Pour illustrer ce concept, nous pouvons prendre l'image des sables mouvants. Dans une telle situation, s'agiter pour chercher à se sortir de la difficulté dans laquelle on se trouve ne fait qu'empirer les choses. Seul le lâcher prise peut permettre d'envisager un avenir plus serein.

L'acceptation peut être définie comme la construction d'une représentation mentale du monde (intérieur et extérieur) sans jugement, objective, homogène intégrant le passé, le présent et le futur. Elle implique une conscience active de ces événements occasionnés par sa propre histoire, sans tentatives inutiles pour changer leur fréquence ou leur forme. Il s'agit d'un comportement intentionnel qui modifie la fonction des expériences internes : ces dernières ne sont plus des événements à éviter, mais plutôt des objets à observer avec intérêt, qui accompagnent de façon inévitable les actions engagées.

La défusion cognitive

La défusion cognitive est la capacité à porter le moins d'importance possible aux pensées négatives, aux pensées parasites sans avoir à s'identifier à elles. La défusion cognitive a pour objectif de réduire la force des pensées et des croyances que nous construisons sur nous car ces des pensées que nous entretenons sur nous-même ou sur les autres, ne décrivent pas forcément la réalité. Il s'agit là en effet souvent que de miroirs déformants créés à partir de nos émotions du moment. La défusion cognitive permet plus de discernement, une certaine distanciation et offre une réelle disponibilité de l'esprit. Elle facilite le fait d'arrêter de considérer les pensées comme des faits et de les envisager simplement comme des constructions mentales, constructions mentales auxquelles il n'est d'ailleurs pas obligatoire d'accorder de l'importance et qui ne réclament pas forcément de réaction en retour. La défusion cognitive permet donc de libérer l'individu de ses pensées qui ne déterminent plus forcément ses comportements.

Le contact avec le moment présent

Être en contact avec le moment présent permet de porter l'attention sur les situations de vie et non pas d'évaluer voire de juger les situations ou les événements qui s'offrent à nous. Vivre dans le moment présent signifie être en contact avec ce qui se passe à un moment précis sans s'inquiéter pour le futur, ni penser au passé. Ce contact avec le moment présent passe par une dimension physiologique (ressentis), mentale et émotionnelle. Le contact avec le moment présent donne à porter intentionnellement toute son attention, à observer et percevoir tous les éléments de l'expérience du moment présent sans jugement, de façon à être en pleine conscience dans l'instant présent. Selon Kelly G Wilson (2015), le contact avec le moment présent implique la capacité d'un individu à mobiliser son attention d'une façon flexible, choisie et centrée dans l'instant.

Soi comme contexte

Le soi comme contexte s'oppose au soi comme contenu. Il permet d'expérimenter des pensées et des sentiments sans s'y accrocher de façon obsessionnelle et s'identifier à elles. Il s'agit d'une expérience de soi en train d'observer ce qui se passe, en train de faire l'expérience. Le soi comme contexte prolonge la prise de distance avec le contenu du dialogue intérieur incessant qui parle de soi-même souvent négativement. Il est donc question d'un espace dynamique dans lequel tout peut être en mouvement où rien n'est figé et définitif. Il constitue un contexte dont les limites ne peuvent être connues par la personne. En considérant le soi comme un contexte, la personne peut être consciente du flux d'expériences sans attachement à celles-ci : la défusion et l'acceptation sont ainsi favorisées.

Les valeurs

L'acceptation, la défusion et la pleine conscience du moment présent comme le soi comme contexte ne sont pas des fins en elles-mêmes, mais ouvrent la voie à une vie plus consistante avec les valeurs : ce qui est désiré et qui peut permettre à chacun de créer son identité. Il est donc important de pouvoir identifier ce qui compte vraiment pour soi dans la vie, ce qui nous ressemble profondément, quelle personne nous voudrions être idéalement, sous forme de directions de vie qui enrichissent et donnent du sens à l'existence. Les valeurs représentent ce que l'individu aimerait accomplir, ce qui est important pour lui, comment il aimerait agir au quotidien. Elles représentent les principes directeurs qui le guident et qui le motivent dans sa vie.

Les actions engagées

Il s'agit d'orienter le plus possible ses comportements en direction de ses valeurs, que cela soit par des petites ou des grandes actions, et prendre conscience de cela. Les actions engagées sont ainsi forcément les actions menées en direction des valeurs. Une action engagée revient à faire ce qu'il faut pour vivre une vie qui a du sens, en accord avec ses valeurs choisies.

...

Pour conclure, nous avons vu que lorsque nous parlons de changement, nous faisons référence à tout ce qui rompt avec les habitudes et bouleverse l'ordre établi. Savoir s'adapter aux circonstances et à leur vécu est primordial. Des stratégies d'adaptation portant sur le type de réactions et de comportements peuvent être mise en place pour prévenir, soulager et se confronter aux difficultés rencontrées. Toutefois, afin de rester légitimes, ces stratégies se doivent d'être réajustées et réactualisées pour espérer un retour à un équilibre psychologique offrant de nouvelles perspectives en termes de changement. Cette capacité de résilience est un facteur déterminant qui va pouvoir influencer le processus adaptatif et contribuer ainsi une personne à intégrer le changement le plus sereinement et efficacement possible dans son existence. Pour cela, il est essentiel de prendre soin de soi en s'accorder du temps pour tenter de comprendre ce qui s'est passé, identifier quels sont nos besoins afin de se questionner sur les stratégies à utiliser comme éléments facilitateurs du changement.


LANG Christian.


Les troubles émotionnels

(Mis en ligne le 04/05/2023)

Lorsque nous parlons de troubles émotionnels, nous faisons références aux enfants, aux adolescents mais aussi aux adultes qui se sentent parfois ou même régulièrement, submergés par leurs émotions. L'émotion est une réaction psychophysiologique influencée par l'environnement d'un sujet. L'émotion détermine la capacité d'adaptation et de changement de chacun d'entre nous. Elle nous permet de créer des relations et nous met en interaction avec les autres. Mais parfois, cette capacité d'adaptation est mise à mal. On parle dès lors de trouble émotionnel.

Un trouble émotionnel peut se définir comme le symptôme de malaises profonds en lien avec le champ émotionnel d'un sujet lorsque celui-ci ressent alors de manière excessive ses émotions, ce qui provoque le plus souvent une réactivité intense face aux événements notamment dans un contexte de vie difficile. Les émotions seraient ainsi à la base de nos réactions physiologiques et comportementales. Lorsque ces émotions sont mal vécues et génère de la peur, cela donne lieu à des situations de stress qui force le sujet à déployer des ressources pour conserver un certain équilibre psychique.

La peur

La peur représente une des émotions de base au même titre que la joie, la tristesse, la colère, le dégoût et la surprise. Ainsi, il faut considérer la peur comme un des déterminants du champ émotionnel d'un sujet. La peur peut donc s'apparenter à une émotion dite normale tant qu'elle ne prend pas des proportions démesurées. En effet, elle correspond à une émotion importante dans la préservation et le développement de l'espèce humaine.

Afin de mieux appréhender sa nature, nous pouvons définir la peur comme une émotion qui accompagne la prise de conscience d'un danger ou d'une menace objective et réelle. De fait, elle focalise l'attention du sujet qui dès lors, ne parvient plus à prendre de la distance et du recul face à ses craintes. La peur devient donc à ce titre est un facteur de stress important qui débouche traditionnellement sur trois comportements de base : la fuite, le combat ou l'immobilisme.

Le stress

Le stress apparaît lorsqu'un évènement survient de manière réelle afin de faire face à une situation particulièrement éprouvante ou considérée comme telle ou faisant suite au caractère imprévisible et incontrôlable de la peur. Le stress peut se définir comme une réaction d'adaptation naturelle de l'organisme pour maintenir l'équilibre de l'état intérieur (principe de l'homéostasie). Le stress peut donc se définir comme une réaction biologique (plus que psychologique) aux sollicitations que l'individu reçoit de son environnement par rapport à un objet en principe défini et reconnu. On parle alors de stress adapté. Pour autant, il arrive que le stress ne joue plus son rôle de régulation. Il s'agit alors d'un stress inadapté qui s'accompagne de son cortège de symptômes physiques, émotionnels et comportementaux. En tout état de cause, un état de stress inadapté intervient lors d'un déséquilibre entre la perception qu'un sujet a des contraintes imposées par son environnement et la perception qu'il en fait en termes de ressources pour y faire face.

D'une manière générale, trois éléments sont à différencier dans une situation de stress : le stresseur (la cause, le stimulus), le stress (la réaction de l'organisme) et les conséquences (la maladie, l'anxiété, l'angoisse, l'irritabilité…). Hans Selye (Médecin et spécialiste du stress de nationalité Canadienne) a lors de ses travaux identifié trois phases. En premier lieu, il décrit une phase d'alerte qui correspond au moment où le sujet est mis en contact avec la situation stressante. Dans cette première phase, le sujet ira chercher au sein de ses ressources l'énergie et les potentialités pour y faire face. Puis, le Hans Selye met en évidence une deuxième phase qu'il présente comme une phase d'habituation ou d'endurance. Durant cette phase et face à la prolongation de la situation stressante, l'organisme va essayer de mettre en place une série de moyens de défense afin de rétablir un équilibre psychique. Il existe plusieurs types de réponses. On retrouve des manifestations physiques telles que des palpitations, de la transpiration, des sensations de chaleur ou des accélérations du rythme cardiaque. Mais nous pouvons retrouver également des réponses mentales (ou cognitive). Celles-ci dépendent de la capacité de traitement de l'information et de la capacité à se représenter la situation. Il s'agit là de croyances et de représentations mentales qui sont personnelles et donc sujettes à la subjectivité du sujet. Enfin, on retrouve aussi des attitudes au niveau comportemental qui peuvent être adaptées ou inadaptées en lien avec les deux modes réactionnels que sont la fuite ou la lutte voire l'immobilisme. Enfin, Hans Selve met en lumière une troisième et dernière phase qu'il nomme la phase d'épuisement. Nous pouvons parler de phase d'épuisement si la situation stressante persiste dans le temps et devient alors hors de contrôle pour le sujet. Dans ce cas, l'organisme perd ses ressources adaptatives et finit par s'épuiser. Le stress est peut alors être qualifié de pathologique lorsqu'il devient chronique suite à cette d'épuisement qui peut être vécue comme une rupture sur le plan physique et psychologique. Cette rupture peut s'expliquer par l'impossibilité pour le sujet de donner une réponse adaptative à une sollicitation de son environnement et du stress ressenti. Le sujet se trouve ainsi débordé tant sur le plan physique par le biais de manifestations neurovégétatives (partie du système nerveux responsable des fonctions automatiques non soumise au contrôle volontaire ayant notamment une action sur la digestion, la fréquence respiratoire, la tension artérielle, le rythme cardiaque, la sudation...) importantes que sur le plan psychique avec une incapacité à élaborer de nouvelles stratégies d'action.

Le stress est d'abord une réaction physiologique à laquelle chaque personne répond de façon différente en fonction des stratégies d'adaptation qu'elle dispose. Toutefois, lorsque le mental intervient, on passe davantage du côté du champ émotionnel et donc de l'anxiété et de l'angoisse.

L'anxiété

Contrairement au stress, l'anxiété est l'anticipation d'une menace future. Elle s'accompagne d'un sentiment désagréable d'appréhension, d'une tension musculaire et d'un état de vigilance. L'anxiété, contient un mélange des ingrédients du stress qui apparaissent lorsqu'un événement est anticipé. En d'autres mots, l'anxiété peut être traduite par « la peur d'avoir peur ». L'anxiété est décrite par Sigmund Freud (célèbre psychanalyste Autrichien) comme « un état émotionnel désagréable ou une condition de l'organisme humain qui inclut des composantes vécues physiologiques et comportementales ». Nous pouvons en déduire que l'anxiété est nourrie par la crainte, par l'inquiétude ou l'appréhension de la survenue d'un danger potentiel (réel ou imaginaire) se rapportant à un stress permanent. Il s'agit d'un état émotionnel d'anticipation d'une menace perçue. Pour autant, nous pouvons préciser que l'anxiété s'installe sans que le sujet soit en position de connaître voire reconnaître cette menace. Il y a ici une dimension subjective dans la perception de la menace à l'inverse de la peur et du stress, qui sont considérés comme des réactions en réponse à une menace objective. En effet, le sujet qui souffre d'anxiété est moins consciente de ce qui provoque cette souffrance (contrairement à la situation de peur ou de stress). De fait, souvent il se rend bien compte que son vécu en termes d'anxiété est irrationnelles sans pour autant pouvoir influencer ses réactions.

L'anxiété s'exprime selon trois registres : psychique ou cognitif (inquiétude, appréhension), comportemental (peur, irritabilité) et physique (tremblement, crispation, agitation, étouffement, frissons, chaleur, cœur battant...). Selon Charles Donald Spielberger (psychologue clinicien Américain), l'anxiété peut être qualifiée de « trait » ou « d'état ». En effet, l'anxiété considérée comme trait peut apparaître comme une composante de la personnalité et correspond alors à un sentiment général, habituel dans la personnalité du sujet (appréhension, tension, nervosité, inquiétude). L'anxiété en tant qu'état est associée à un état émotionnel en lien avec une situation particulière, à un moment précis. Toutefois, l'anxiété est une émotion courante que tout le monde peut vivre et qui se dissipe généralement rapidement. Mais parfois, l'anxiété peut être considérée comme problématique lorsque son intensité est exagérée, quand les inquiétudes deviennent irréalistes et excessives et à partir du moment ou elle entraîne un niveau de détresse important.

Par ailleurs, l'anxiété génère un certain nombre de troubles que nous pouvons répertorier ainsi :

- Trouble anxieux généralisé

Se caractérise par la présence de l'anxiété permanente dans toutes les situations de la vie (professionnelle, familiale, sociale) qui s'accompagne de symptômes de tension motrice et de l'hyper vigilance.

- Phobies

Il existe plusieurs types de phobies :

  • phobie spécifique qui est une peur intense d'animaux, d'objet, de transports ;
  • phobie sociale qui correspond à une peur des situations où on est exposé aux interactions avec d'autres personnes (comme la peur de parler en public),
  • agoraphobie qui correspond à une peur irrationnelle des espaces publics, des lieux découverts ou des situations dont il est difficile de s'échapper (un ascenseur, un pont).

- Trouble panique

Attaque de panique

C'est une peur intense qui survient brutalement et s'accompagne de multiples symptômes physiques (les palpitations, le rythme cardiaque aigu, la difficulté de respiration, etc.) et d'une peur de perdre le contrôle ou de devoir faire face à une catastrophe imminente et de mourir.

Trouble panique peut être diagnostiqué si les épisodes d'attaques de panique se répètent d'une manière imprévisible et spontanée durant un temps prolongé et s'accompagnent d'une peur d'avoir une nouvelle attaque.

- Trouble obsessionnel-compulsif

Se caractérise par l'apparition des idées obsédantes liées à une angoisse (par exemple, une peur des maladies qui pousse l'individu de penser qu'il y a des microbes partout) et qui conduisent aux comportements compulsif et ritualisés (cela peut être dans notre exemple se laver les mains des dizaines de fois par jour.) Ces rituels jouent le rôle de protection contre l'angoisse.

- Trouble post-traumatique

C'est un trouble anxieux qui apparaît suite à l'exposition du sujet à un événement traumatique (un accident, un attentat, des manquements sur le plan éducatif, des maltraitances, des violences, des agressions voire à des abus sexuels) et qui correspond à la reviviscence de cet événement associé au stress aigu et à un comportement d'évitement.

L'angoisse

L'angoisse découle elle de l'anxiété. Il s'agit ainsi d'un phénomène croissant et d'une montée en pression dans la perception de symptômes qui englobe l'anxiété et principalement ses signes somatiques d'oppression. En effet, nous pouvons définir l'angoisse comme une expression d'une anxiété plus accentuée notamment sur un plan physique alors que l'anxiété s'apparente plutôt à un état d'âme. L'angoisse apparaît ainsi comme la forme ultime de l'anxiété. Elle se manifeste sous forme de crises d'anxiété sévère que l'on appelle crises d'angoisse. La crise d'angoisse dure entre 10 et 30 minutes en moyenne. Elle est extrêmement désagréable à vivre car elle se déclenche souvent sans prévenir, de façon spontanée. Tout comme l'anxiété, l'angoisse peut être associée à l'anticipation d'un danger ou à sa conséquence. Mais dans de nombreux cas, on ne trouve pas d'éléments directement déclencheur. Par contre il peut y avoir un contexte déjà présent de fatigue, de dépression légère à sévère, de surmenage voire de burn-out à cause du travail. En fait, les symptômes d'angoisse et d'anxiété généralisée sont liées : les personnes atteintes d'anxiété généralisée peuvent faire l'objet de crises d'angoisse. Cependant, contrairement à l'anxiété, l'angoisse est toujours accompagnée d'une réponse physique qui se manifeste par un sentiment de constriction ou d'oppression. L'angoisse est souvent associée à un sentiment de perte de contrôle ou encore de mal-être. La personne ressent un mal intérieur qu'elle n'arrive pas à nommer.

La dépression

Pour résumer, nous pouvons dire que l'anxiété et l'angoisse sont tournés vers un objet non identifié avec un vécu en termes d'intensité différencié alors que la peur est-elle, tournée vers un objet identifié et perçue par un sujet.

Toutefois, la dépression (ou troubles dépressif) quant à elle est plutôt associée à un sentiment de déprime (tristesse passagère) mais surtout de tristesse persistante. La dépression correspond ainsi à la manifestation d'un état de malaise profond, alliant tristesse et perte d'énergie, le tout menant le sujet à un repli sur lui-même. La dépression se caractérise par une tristesse persistante et un manque d'intérêt ou de plaisir pour des activités auparavant enrichissantes ou agréables. Aussi, le sujet qui se sent angoissé a tendance à craindre des éléments qui dépendent de menaces extérieures. A contrario, le sujet dépressif se sent triste à cause de sentiments qui proviennent de l'intérieur de lui. Le point de départ de la souffrance n'est donc pas le même. Un autre élément qui distingue les deux troubles est leur relation au temps. Tandis que la personne qui souffre d'anxiété craint des évènements qui auront lieu dans le futur, tels que l'éventualité d'avoir un accident, de se faire attaquer par un inconnu ou de mourir, celle qui est dépressive est plutôt tournée vers son passé. Ainsi, l'anxiété s'explique par un sentiment en lien avec des éléments extérieurs qui peuvent ou non avoir lieu dans le futur alors que la dépression, quant à elle, peut apparaître comme un sentiment de mal-être en lien avec le passé et provenant de l'intérieur de la personne. Le registre est en quelque sorte inversé.


LANG Christian.

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